Quelles ont été les grandes étapes de restauration des jardins du Domaine de Méréville, classés au titre des monuments historiques depuis 1977 ?
Antoine Madelénat : Le Département de l’Essonne a racheté le domaine de Méréville en 2000, alors qu’il était en très mauvais état et que la tempête de 1999 avait causé d'importants dommages. Une première phase de travaux, entre 2003 et 2005, a permis de déblayer le jardin, de recréer des accès et de mettre en sécurité les fabriques, ces constructions servant à l'ornementation d'un jardin ou d'un parc paysager. À la suite de cela, le Département s'est engagé dans un projet de conservation et de mise en valeur pour ouvrir le jardin à la visite. Dans les années 2010-2020, les actions ont surtout consisté à rouvrir les perspectives et à retracer les allées, notamment en taillant dans la masse boisée pour retrouver les vues historiques. Aujourd'hui, un important projet de réhabilitation hydro-écologique est en cours d'achèvement et les travaux seront inaugurés en juin 2025.
Pouvez-vous nous parler des principaux défis rencontrés lors de ces travaux ?
Antoine Madelénat : Les défis étaient multiples et touchaient aussi bien aux aspects historiques qu’écologiques. L'un des grands enjeux était de conserver l’aspect « jardin de ruines » tout en lui redonnant son esprit d’origine et en respectant son évolution. Un obstacle important a été la question de la continuité écologique puisque la nouvelle réglementation impose la suppression des obstacles à la circulation des poissons, ce qui entrait en conflit avec les aménagements historiques du jardin. À chaque fois, avec l’aide du paysagiste Philippe Raguin et des bureaux d’études spécialisés, ainsi qu’avec les équipes du Département et les différents services de l’État, nous avons toujours trouvé les bonnes solutions collectivement.
Comment avez-vous intégré dans votre projet les éléments d’histoire et d’art propres à l’époque de création du jardin ?
Antoine Madelénat : Un des exemples les plus emblématiques est la reconstruction du pont aux Boules d’Or. Ce pont en bois de style chinois du XVIIIe siècle a été réinterprété par l’artiste Jean-Michel Othoniel. Bien qu’il soit une création contemporaine, il s’intègre harmonieusement au paysage et répond à l’esprit du lieu. Cela illustre bien la démarche adoptée à Méréville : évoquer sans reconstituer. De même, plutôt que de reconstituer des fabriques disparues, nous avons proposé de suggérer leur présence à l’aide de végétaux, comme pour le temple de la Piété Filiale. Les enrochements de Méréville, éléments emblématiques du paysage, jouent également un rôle essentiel en captant et reflétant la lumière de manière spectaculaire. La prochaine étape est celle de la restauration des strates végétales qui vont enrichir la palette avec les floraisons.
Comment travaillez-vous au quotidien pour préserver l’histoire du jardin tout en assurant sa pérennité ?
Joseph Lenoir : Il s’agit de trouver un équilibre entre le respect de l'histoire du jardin et un entretien durable : maintenir l'âme du jardin et sa composition tout en gérant les aléas climatiques, les projets d'entretien et de mise en valeur. Au quotidien, notre travail repose sur une vigilance constante quant aux méthodes et principes d'entretien. La gestion de ce domaine de 60 hectares est assurée par une équipe pluridisciplinaire de jardiniers et de gestionnaires passionnés qui œuvrent à la préservation de cet espace exceptionnel.
Quels sont les projets à long terme pour l’entretien et l’évolution du jardin ?
Joseph Lenoir : Depuis la réouverture du jardin au public en 2018, nous travaillons au développement du rayonnement de ce jardin labellisé Jardin remarquable en 2019. Nous souhaitons poursuivre sa valorisation auprès des scolaires et du grand public. Des visites thématiques sont organisées pour sensibiliser les jeunes à la place de l'eau dans les jardins, à la botanique et aux principes de conception paysagère. Nous organisons également des concerts, des expositions et des conférences pour enrichir l'expérience des visiteurs et les sensibiliser à la préservation de ce patrimoine unique.
Qu’est-ce qui vous a personnellement le plus marqué dans ce projet? Avez-vous une anecdote à partager ?
Antoine Madelénat : En 25 ans de travail sur ce domaine, j’ai tellement de souvenirs ! Mais le jour où le pont aux Boules d’Or, dessiné par Jean-Michel Othoniel, a été posé sur les anciennes culées reste gravé dans ma mémoire : imaginez un pont du XXIe siècle qui s’ajuste au millimètre près sur les culées du XVIIIe. C'était très émouvant.
Joseph Lenoir : Je suis arrivé un jour d’avril 2021 et le soleil faisait vibrer les couleurs des prairies et des plans d’eau du domaine. C’était magnifique. Depuis ce jour, le jardin me réserve tout le temps des surprises : les ambiances changent selon la lumière, le moment de la journée, ou même le vent. Chaque visite est une redécouverte, et c'est cette magie qui fait du domaine de Méréville un lieu si spécial.
A l’occasion des Rendez-vous aux jardins
L'entrée et toutes les animations sont gratuites les vendredi 6, samedi 7 et dimanche 8 juin.
Plusieurs visites guidées du site (sur réservation obligatoire) : le samedi 7 juin à 15 heures, le dimanche 8 juin à 14h00 et une troisième au coucher du soleil à 20 heures.
- Les miroirs d’eau et la boucle de visite seront inaugurés le dimanche 8 juin à 11 heures
- L’après-midi de 14h à 19h, « La symphonie des roches », une succession de concerts aura lieu dans les enrochements du Domaine (fermés au public depuis plus de 3 ans).
- Le dimanche, de 10h à 18h, se déroulera la Fête des potagers d’hier et d’aujourd’hui.
Enfin, pendant les trois jours, la grande cascade sera exceptionnellement remise en eau.
Programme complet disponible sur :domainedemereville
Domaine de Méréville, 12 rue Voltaire, 91660 Le Mérévillois. Ouverture du parc de 10h à 19h – accès au parc jusqu’à 18h.
Visites guidées sur réservation obligatoire au 01 64 94 99 10.
Partager la page