La pierre est utilisée dans les jardins pour de nombreuses raisons. En Extrême-Orient, par exemple, les pierres ont une portée symbolique. En Chine, l’art du jardin est un savoir-faire intellectuel et artistique qui se transmet depuis plus de 4 000 ans. La roche en est l’un des éléments fondateurs : les pierres levées représentent des montagnes et structurent le jardin, dans une véritable ode à la nature.
Au XVIIIe siècle, en France, ces paysages naturels maîtrisés ont été d’une grande influence dans la création des jardins pittoresques. Dits aussi « anglo-chinois », ces jardins marquent la rupture avec la régularité et la symétrie qui primait jusque-là dans l’aménagement paysager, en cherchant à imiter une nature sauvage et fantasmée. La roche est alors tantôt utilisée pour dessiner un chemin ou une colline, tantôt employée à la création de ruines artificielles et de grottes. Dans l’Essonne, le domaine de Méréville, récemment restauré, est un modèle remarquable de jardin pittoresque de la fin du XVIIIe siècle. Dans l’Oise, à Ermenonville, le parc Jean-Jacques Rousseau en est un autre exemple. Jusqu’au début du XIXe siècle, il abritait de nombreuses « fabriques » : des grottes ou ruines artificielles, des temples ou des pavillons, servant à marquer un point de vue pittoresque. Certaines ont disparu, mais d’autres sont encore visibles aujourd’hui.
L’art des rocailleurs
Au XIXe siècle, la technique du rocaillage se démocratise, dans un but esthétique. Cette technique ancienne consiste à utiliser du ciment, et plus tard du béton, pour créer des structures ou des objets imitant le bois. À la faveur des jardins de rochers et des paysages de montagne, très en vogue dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’art de la rocaille devient incontournable et façonne des falaises, des grottes, des cascades artificielles, de petits bâtiments ou encore du mobilier. On le retrouve dans les parcs parisiens de Jean-Charles Adolphe Alphand, aux Buttes-Chaumont ou au parc Monceau. Les éléments de rocaille s’implantent aussi partout en France dans les parcs publics, comme au parc Lonchamp à Marseille ou dans les jardins privés comme au moulin d’Andé.
Le thème de cette édition 2025 évoque aussi les jardins alpins, comme le jardin du Lautaret dans les Alpes où la rocaille a autant d’importance que la richesse des collections (2 000 espèces) des montagnes du monde.
Les cimetières paysagers
Les cimetières paysagers trouvent également leur place dans cette thématique, en offrant une grande place à la végétation. Ces cimetières reprennent les caractéristiques des jardins paysagers, et peuvent abriter, entre les tombes dispersées, une mare, un pont ou encore un ruisseau. De tradition nordique ou anglo-saxonne, ils sont de plus en plus présents en France depuis le XIXe siècle comme au cimetière du Père Lachaise à Paris ou celui de la Madeleine à Amiens. À La Rochelle, on peut par exemple se promener dans le cimetière de Mireuil, créé dans les années 90 au milieu d’un parc arboré de 8 hectares. À Gleizé, dans le Rhône, le cimetière paysager est composé de terrasses successives ouvertes sur les collines du Beaujolais.
Un rôle technique
Enfin, la pierre peut aussi jouer un rôle purement technique grâce à sa solidité et sa durabilité. Bien placée, elle permet à l’eau de circuler ou d’être drainée, évitant ainsi les zones boueuses. Elle sert aussi à créer des terrasses pour les jardins nourriciers ou les jardins d’agrément. Symbolique, esthétique, ou pratique…
Quelle que soit la raison de sa présence, la pierre trouve sa place dans les jardins. Rendez-vous du 6 au 8 juin pour découvrir toute la richesse de ses usages !
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