Quel rôle « Plante et Cité », l’association que vous dirigez, joue-t-elle auprès des décideurs (mairies, entreprises, professionnels du paysage…) pour favoriser, au cœur des villes, la transition écologique, la nature en ville et le bien être des habitants ?
L’association s’appuie sur un réseau de plus de 800 membres (collectivités territoriales, entreprises de l’aménagement, du paysage et du végétal, centres de recherche et de formation), et conduit chaque année une vingtaine de programmes d’études et de recherche.
Ces dernières années, la conscience des effets du changement climatique et de la crise de la biodiversité a progressé et se traduit par des ambitions plus marquées en faveur de la nature en ville. Par ses travaux, Plante & Cité aide les décideurs et donneurs d’ordre à ancrer ces enjeux dans le réel des pratiques d’aménagement, de conception et de gestion des espaces verts et de nature. Concrètement, l’association produit des ressources, telles que des guides techniques, des notes aux décideurs, des webinaires pour diffuser et rendre opérationnels les connaissances et retours d’expériences étudiés.
Pourriez-vous citer des programmes de recherche que votre association a mis en œuvre pour accompagner l'évolution des pratiques au sein des collectivités territoriales ?
La suppression de l’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse en ville a fait partie des premiers sujets travaillés par Plante & Cité. Avec le Grenelle de l’Environnement et l’attention portée à l’impact des pesticides sur l’eau et la santé, nous constations une demande croissante pour identifier des solutions alternatives. L’efficacité et l’impact environnemental de différentes solutions de désherbage ont ainsi été étudiés dans le cadre du programme Compamed.
Ce virage vers des pratiques plus respectueuses des écosystèmes urbains avait été amorcé au début des années 2000 par des villes pionnières guidées par la richesse de leurs paysages naturels. Des pieds d’arbre aux parcs en passant par les cimetières, les paysages sans pesticide laissent désormais une plus grande place à la flore spontanée, notamment dans des espaces jusqu’alors très minéralisés.
Les sols urbains font partie des autres sujets significatifs sur lesquels Plante & Cité a travaillé. Ce sont régulièrement les grands oubliés, alors même qu’aucun projet de végétalisation n’est possible sans sol vivant. Ce qui se passe sous nos pieds dépasse parfois notre imagination : concurrence accrue entre les différents usages souterrains (infrastructures et réseaux enterrés, exploration racinaire), déplacement et compaction des sols lors des chantiers, surexploitation de des ressources en terre végétale… Avec des partenaires scientifiques, dont l’Université de Lorraine et Institut Agro, Plante & Cité a ainsi travaillé, dans le cadre du programme Siterre, à identifier les matériaux alternatifs à la terre végétale pour constituer des sols de plantations fertiles. L’intérêt de ce travail repose aussi sur le besoin de circularité avec moins de transport de terre, plus de réemploi de ressources locales, et l’exploitation de gisements locaux pour satisfaire les besoins de plantations urbaines.
Plus récemment, Plante & Cité a aussi contribué au programme Dessert sur les modalités de désimperméabilisation des sols urbains, des cours d’école aux stationnements, en passant par les voiries urbaines. Les résultats éclairent le modus operandi afin de maximiser les bénéfices de ces opérations pour les sols.
Les Rendez-vous aux jardins offrent l’opportunité, pour les visiteurs, d’une réelle prise de conscience des effets du changement climatique dans tous les jardins. De quelle(s) manière(s), votre association contribue à renforcer cette prise de conscience ?
En 2012, Plante & Cité a initié le label EcoJardin qui distingue les jardins gérés de façon écologique. Cette démarche prend en compte toutes les facettes des bonnes pratiques d’entretien que peuvent mettre en œuvre les jardiniers et gestionnaires d’espaces verts. En valorisant les 860 jardins labellisés à travers toute la France, la démarche EcoJardin donne à voir des paysages écologiques dont la gestion sobre est aujourd’hui plus compatible avec les effets du changement climatique.
Cette crise du climat est indissociable de celle de la biodiversité. Là aussi, les jardins peuvent jouer un rôle jusque dans des espaces a priori les moins concernés par le vivant. C’est ce que nous avons étudié dans le cadre du programme Murmure sur la prise en compte de la biodiversité dans les pratiques de gestion des murs, murailles et remparts. La construction de murs a accompagné l’histoire de l’implantation des hommes dans les paysages. Des études ont permis de révéler que les murs constituent un patrimoine qui a une valeur historique et culturelle mais aussi écologique. La flore des murs et la faune qu’ils accueillent en font des milieux singuliers et utiles pour la trame verte urbaine associant les espaces publics et les propriétés privés. Voici donc une nouvelle démonstration de l’alliance entre pierre et jardin.
Des études ont permis de révéler que les murs, notamment ceux construits en pierre sèche, inscrits sur la Liste du patrimoine culturel immatériel, constituent un patrimoine qui a une valeur historique et culturelle mais aussi écologique. La flore des murs et la faune qu’ils accueillent en font des milieux singuliers et utiles pour la trame verte urbaine associant les espaces publics et les propriétés privés. Voici donc une nouvelle démonstration de l’alliance entre pierre et jardin.
Contact Plante & Cité : Ludovic Provost - ludovic.provost@plante-et-cite.fr - 06 01 33 68 17
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